La série Désobéir : Le choix de Chantale Daigle dont le premier épisode avait été diffusé lors de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars est désormais disponible sur Crave. Elle retrace l’histoire de Chantale Daigle, une jeune femme de 21 ans enceinte d’un conjoint violent qui doit s’adresser à la Cour suprême afin de se faire avorter.
Alexis Dandurand-Brault, connu pour Sortez-moi de moi ainsi que la très attendue série Mégantic réalise cette minisérie de 6 épisodes. Les créateurs de Ruptures Daniel Thibault et Isabelle Pelletier ont quant à eux écrit les textes mettant en vedette Éléonore Loiselle (L’Échappée) et Antoine Pilon (Entre deux draps) dans les rôles principaux.
Les jeunes acteurs sont très convaincants dans ce drame biographique basé sur une histoire qui a secoué le Québec en 1989. La journaliste du Journal de Montréal Frédérique de Simone a d’ailleurs souligné le talent des deux acteurs : « Éléonore Loiselle offre […] une performance de haut niveau, tandis qu’Antoine Pilon réussit à donner à Jean-Guy Tremblay une humanité et une couleur assez intéressante à regarder ».
Une histoire digne d’être racontée
L’oiseau en cage aperçu en début de générique est annonciateur de la suite. Il est offert à Chantale Daigle par son amoureux Jean-Guy Tremblay lors d’une tentative de réconciliation après une de ses nombreuses crises de jalousie.
Tout d’abord perçu comme un protecteur, Jean-Guy se transforme peu à peu en homme jaloux et possessif alors que Chantale endure les crises parfois violentes de son amoureux. Lorsqu’elle tombe subitement enceinte, Jean-Guy resserre son emprise sur elle.
Poussée à bout, elle décide de quitter son conjoint et de se faire avorter. Ce dernier réussit cependant à obtenir une injonction de la cour pour l’en dissuader. Chantale devra se battre pour faire valoir ses droits.
Un réalisateur en contrôle
Le récit se déroule à l’aide d’allers-retours habiles entre 1988, année où les deux tourtereaux se rencontrent et 1989, celle où ils s’affrontent devant un tribunal. Bien que le rythme avec lequel le récit se déroule soit soutenu, il n’affecte en rien la compréhension des téléspectateurs. C’est que Chantale Daigle effectue une course contre la montre pour pouvoir se faire avorter, elle qui en est à 18 semaines de grossesse.
Le réalisateur accorde une attention particulière aux détails. Les cheveux crêpés et les vêtements extravagants de l’époque permettent de bien ancrer l’histoire dans les années 80. À ce sujet, le chroniqueur Hugo Dumas a écrit dans La Presse que « les producteurs […] ont eu l’intelligence de ne pas en beurrer trop épais dans la nostalgie, ce qui aurait été une distraction du propos principal ».
Une question fondamentale
Au cœur du débat entourant le droit à l’avortement se trouve la question : « Qui contrôle le corps des femmes? » que pose l’avocat de madame Daigle à la cour. Bien que l’avortement soit décriminalisé depuis 1988 au Québec, Chantale doit tout de même se démener pour y avoir accès. Elle bénéficie de l'aide de groupes de féministes qui la soutiennent, mais craint que leur appuie lui nuise à cause de la perception des gens envers les féministes. Ces préjugés sont toujours bien présents de nos jours.
Même si plus de trente ans ont passé depuis le combat de Chantale Daigle, force est d'admettre qu'encore très peu de choses ont changés. Le sujet est d'ailleurs toujours d’actualité avec le renversement du droit à l’avortement chez nos voisins du sud. Ce qui a été acquis peut donc à tout moment être repris.
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